La gestion des émotions est pour moi la base à introduire dans ma classe. Un apprentissage qui se raffinera tout au long de la vie de mes élèves, mais qui doit être enseigné dès leur jeune âge.
Selon Joël Monzée, docteur en neurosciences et directeur de l'Institut du développement de l'enfant et de la famille, le cerveau «atteint sa pleine maturité seulement dans la quarantaine». «En effet, des neuroscientifiques ont montré que l'épaisseur du néocortex augmentait jusqu'à l'âge de quarante-cinq ans, rendant disponibles petit à petit puis optimisant les habiletés relationnelles. Cela veut dire deux choses:
1. Cela prend quarante à quarante-cinq ans pour que les structures préfontales, les plus humaines de notre cerveau, puissent tempérer efficacement le stress et l'anxiété pour canaliser les réactions comportementales dans une dynamique favorisant le vivre ensemble;
2. La petite enfance se caractérise par des comportements déclenchés par la partie mammifère (émotionnelle) du cerveau, ce qui induit des comportements calmes et constructifs lorsque l'enfant se sent en sécurité, mais des réactions défensives (mordre, frapper, crier, bouger, etc.) dès qu'il se sent submergé par ses émotions ou qu'il a l'impression d'être confronté à un danger» (L'enfant stressé, 2019).
Surprenant, n'est-ce pas ? Donc, à la lumière de ces informations, il n'y a rien d'étonnant de voir des enfants en bas âge réagir de façon impulsive et non contrôlée face à de nombreuses situations.
Caroline Quarré, auteure du livre L'enfant stressé et intervenante psychosociale, explique dans son livre que notre cerveau réagit selon deux circuits devant la peur, un court et un long. Le circuit court correspond à la voie rapide et la plus fréquemment utilisée chez les enfants. «Il ne suffirait que de 0,07 secondes pour compléter ce circuit. Moins de temps qu'il n'en faut pour claquer des doigts! Puisque l'information ne passe pas par le cortex cérébral (le centre d'analyse du cerveau), les mécanismes de défense surviennent très rapidement et sont parfois inappropriés» (L'enfant stressé, 2019).
Nous avons tous déjà vu un enfant réagir avec impulsivité devant une situation et regretter son geste qui est allé plus vite que sa pensée. Et bien, cette impulsivité s'explique par l'incapacité pour un enfant de raisonner et d'agir ensuite. C'est pourquoi, nous devons donner des outils aux enfants afin qu'ils puissent apprendre progressivement à gérer leurs émotions.
Si vous désirez en apprendre plus sur le sujet, je vous conseille fortement le livre L'enfant stressé: Soutenir tous ensemble l'enfant de 5 à 12 ans à l'école comme à la maison de Caroline Quarré.
Pour ma part, je vois tellement une différence depuis que j'ai introduit mon coin PAUSE dans ma classe. Mes élèves sont davantage à l'écoute de leurs besoins et ils savent quand il est temps pour eux de se retirer afin d'aller se calmer. Ils reviennent ensuite plus disposés aux apprentissages. Une pause qui sauve bien des crises.
Toutefois, je sais que ce n'est pas toujours évident pour les parents d'accompagner leurs enfants dans cette grande aventure qu'est la gestion des émotions. Les enfants sont souvent plus différents à la maison et laisse bien souvent aller leurs émotions en présence d'une personne en qui ils ont confiance. Ainsi, les parents sont parfois démunis face à ces comportements difficiles à gérer.
J'ai donc eu l'idée de monter un projet de gestion des émotions à la maison. Ce projet consiste à envoyer à chaque enfant de ma classe un bac comprenant plusieurs outils pour réinvestir leurs apprentissages faits en classe à la maison. Comme cet aspect fait déjà partie intégrante de mon mode de fonctionnement en classe, je sais que les outils proposés aux parents ont été testés et approuvés par mes minis humains en construction.
Voici donc le contenu de ma boite :
Premièrement, j'ai imprimé en petit format mes affiches du coin PAUSE afin que les parents et leur enfant puisse installer un petit coin à la maison comme à l'école.
J'ai également mis dans le bac une bille de massage, un sablier liquide et une balle manimo en velours.
Ensuite, j'ai ajouté dans un bac les superbes cartes IPC disponibles sur ma boutique. Cet ensemble comprend 30 cartes représentant des stratégies simples, rapides et efficaces pour aider l’enfant à agir différemment et positivement afin de changer son état d’esprit. J'ai inclus dans le bac quelques outils en lien avec ces cartes comme la pâte à modeler, une paille, un caillou et des bons de colère disponible sur le site Impact Pleine conscience de l'auteure Édith Levasseur.
J'ai aussi ajouté à mon ensemble l'album jeunesse Le livre en colère ! des Éditions École des Loisir. Un livre intelligent qui amène l'enfant à voir le processus de retour au calme suite à une crise de colère. Bien fait et facile à comprendre pour des petits. L'enfant peut donc se raconter facilement l'histoire seul pendant son retour au calme.
Finalement, j'ai acheté un ensemble de casse-têtes par ensemble. Chaque boite Mimonstri comprend 4 casse-têtes représentant chacun une émotion (peur, excitation, amour, dégoût). Ceux-ci sont évolutifs puisqu'ils ont tous un nombre de morceaux différents (de 18 à 40). De ce fait, j'enverrai en début d'année le casse-tête de 18 morceaux et lorsque l'enfant sera capable de réaliser le casse-tête seul et de reconnaitre l'émotion représentée, il pourra me retourner le casse-tête et je lui donnerai le suivant.
J'ai donc espoir qu'avec cette boite, je pourrai aider un peu les parents à accompagner leurs enfants dans leur apprentissage de la gestion des émotions en leur fournissant des outils simples, concrets, ludiques et faciles à utiliser au quotidien !
Stéphanie
Bibliographie
Quarré, Caroline. 2019. L'enfant stressé : Soutenir tous ensemble l'enfant de 5 à 12 ans à l'école comme à la maison. Québec : Septembre Éditeur.
Bonjour, je trouve ton ensemble fabuleusement complet! Je me demande, prends-tu le budget pour chaque enfant dans le volet parent des maternelle 4 ans?